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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

intrigues du palais, qui excitaient tour à tour son ambition et ses craintes, menacèrent de produire une révolution. Sévère, qui chérissait toujours son ministre[1], se vit forcé, quoiqu’à regret, de consentir à sa mort[2]. Après la chute de Plautien, l’emploi dangereux de préfet du prétoire fut donné au savant Papinien, jurisconsulte célèbre.

Le sénat opprimé par le despotisme militaire.

Depuis la mort d’Auguste, ce qui avait distingué les plus vertueux et les plus prudens de ses successeurs, c’étaient leur attachement ou du moins leur respect apparent pour le sénat, et leurs égards at-

    Le ministre donna cet ordre affreux, afin que sa fille, le jour de son mariage avec le jeune empereur, pût avoir à sa suite des eunuques dignes d’une reine d’Orient. (Dion, l. LXXVI, p. 1271.)

  1. Plautien était compatriote, parent et ancien ami de Sévère : il s’était si bien emparé de la confiance de l’empereur, que celui-ci ignorait l’abus qu’il faisait de son pouvoir : à la fin cependant il en fut informé, et commença dès lors à y mettre des bornes. Le mariage de Plautilla avec Caracalla fut malheureux ; et ce prince, qui n’y avait consenti que par force, menaça le père et la fille de les faire périr dès qu’il régnerait. On craignit, après cela, que Plautien ne voulut se servir contre la famille impériale du pouvoir qui lui restait encore, et Sévère le fit massacrer en sa présence, sous le prétexte d’une conjuration que Dion croit supposée. (Note de l’Éditeur.)
  2. Dion, l. LXXVI, p. 1274 ; Hérodien, l. III, p. 122-129. Le grammairien d’Alexandrie paraît, comme c’est assez l’ordinaire, connaître beaucoup mieux que le sénateur romain cette intrigue secrète, et être plus assuré du crime de Plautien.