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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. V.

toire, qui, dans son origine, avait été simple capitaine des gardes, fut placé à la tête, non-seulement de l’armée, mais encore de la finance et même de la législation[1]. Il représentait la personne de l’empereur, et exerçait son autorité dans toutes les parties de l’administration. Plautien, ministre favori de Sévère, fut revêtu le premier de cette place importante, et abusa pendant plus de dix ans de la puissance qu’elle lui donnait. Enfin, le mariage de sa fille avec le fils aîné de l’empereur, qui semblait devoir assurer sa fortune, devint la cause de sa perte[2]. Les

  1. Le préfet du prétoire n’avait jamais été un simple capitaine des gardes : du moment de la création de cette place, sous Auguste, elle avait donné un grand pouvoir ; aussi cet empereur ordonna-t-il qu’il y aurait toujours deux préfets du prétoire, qui ne pourraient être tirés que de l’ordre équestre. Tibère s’écarta le premier de la première partie de cette ordonnance ; Alexandre-Sévère dérogea à la seconde en nommant préfets des sénateurs. Il paraît que ce fut sous Commode que les préfets du prétoire obtinrent le domaine de la juridiction civile ; il ne s’étendait que sur l’Italie, à l’exception même de Rome et de son territoire, que régissait le præfectus urbi. Quant à la direction des finances et du prélèvement des impôts, elle ne leur fut confiée qu’après les grands changemens que fit Constantin Ier dans l’organisation de l’empire ; du moins je ne connais aucun passage qui la leur attribue avant ce temps ; et Drakenborch, qui a traité cette question dans sa dissertation De officio præfectorum prætorio (c. VI), n’en cite aucun. (Note de l’Édit.)
  2. Un des actes les plus audacieux et les plus infâmes de son despotisme, fut la castration de cent Romains libres, dont quelques uns étaient mariés, et même pères de famille.