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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. V.

porter les fatigues militaires ; et sans cesse disposés à secouer le joug d’une juste subordination, ils devinrent le fléau de leur patrie. De leur côté, les officiers ne soutenaient la supériorité de leur rang que par un extérieur plus pompeux et par une profusion plus éclatante. Il existe encore une lettre de Sévère, dans laquelle ce prince se plaint amèrement de la licence de ses armées[1], et exhorte un de ses généraux à commencer par les tribuns eux-mêmes une réforme indispensable. En effet, comme il l’observe très-bien, un officier qui perd l’estime de ses soldats ne peut en exiger l’obéissance[2]. Si l’empereur eût suivi cette réflexion dans toute son étendue, il aurait facilement découvert que la corruption générale prenait sa source, sinon dans l’exemple du premier chef, au moins dans sa funeste indulgence.

Nouveaux prétoriens.

Les prétoriens qui avaient massacré leur maître et vendu publiquement l’empire, avaient reçu le châtiment que méritait leur trahison ; mais l’institution nécessaire, quoique dangereuse, des gardes, fut rétablie sur un nouveau plan, et leur nombre devint quadruple de ce qu’il était auparavant[3]. Ces trou-

    font croire qu’il a été composé sous le règne de Sévère ou de Caracalla.

  1. Non pas des armées en général, mais des troupes de la Gaule. Cette lettre même et son contenu semblent prouver que Sévère avait à cœur de rétablir la discipline ; Hérodien est le seul historien qui l’accuse d’avoir été la première cause de son relâchement. (Note de l’Éditeur.)
  2. Hist. Aug., p. 73.
  3. Hérodien, l. III, p. 131.