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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. V.

au niveau commun d’une dépendance absolue. Ses dépenses considérables en bâtimens et en spectacles magnifiques, et ses distributions constantes de blé et de provisions de toute espèce, étaient les moyens les plus sûrs de captiver l’affection du peuple romain[1].

Paix et prospérité universelles.

On avait oublié les malheurs des guerres civiles, et les provinces goûtaient encore une fois les avantages de la paix et de la prospérité. Plusieurs villes rétablies par la magnificence de Sévère, prirent le titre de colonies, et attestèrent, par des monumens publics, leur reconnaissance et leur félicité[2]. Ce prince habile, toujours suivi par la fortune, fit revivre la réputation des armes romaines[3], et il se glorifiait, à juste titre, de ce qu’ayant trouvé

  1. Dion, l. LXXVI, p. 1272 ; Hist. Auguste, p. 67. Sévère célébra des jeux séculaires avec la plus grande magnificence, et il laissa dans les greniers publics une provision de blé pour sept ans à raison de soixante mille moddi ou vingt mille boisseaux par jour. Je ne doute pas que les greniers de Sévère ne se soient trouvés remplis pour un temps assez considérable ; mais je suis persuadé que, d’un côté, la politique, et de l’autre l’admiration, ont beaucoup ajouté à la vérité.
  2. Voyez le Traité de Spanheim sur les anciennes médailles et les inscriptions ; consultez aussi nos savans voyageurs Spon et Wheeler, Shaw, Pococke, etc., qui, en Afrique, en Grèce et en Asie, ont trouvé plus de monumens de Sévère que d’aucun autre empereur romain.
  3. Il porta ses armes victorieuses jusqu’à Séleucie et Ctésiphon, les capitales de la monarchie des Parthes. J’aurai occasion de parler de cette guerre mémorable.