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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. V.

des soldats[1], le gouverneur de Bretagne brava les menaces de Commode, opposa une conduite équivoque à l’autorité de Pertinax, et leva l’étendard contre Julianus, dès que ce prince eut usurpé la couronne. Les convulsions de la capitale donnaient encore plus d’autorité aux sentimens patriotiques d’Albinus, ou plutôt à ses professions de patriotisme. La décence lui défendit de prendre les titres pompeux d’Auguste et d’empereur. Il voulut peut-être imiter l’exemple de Galba, qui, dans une circonstance pareille, s’était fait appeler le lieutenant du sénat et du peuple[2].

Pescennius-Niger en Syrie.

Le mérite personnel de Pescennius-Niger avait fait oublier sa naissance obscure, et l’avait élevé d’un emploi médiocre au gouvernement de la Syrie, poste important et très-lucratif, qui, dans des temps de guerre civile, pouvait lui frayer le chemin au trône. Cependant il paraissait plus fait pour briller au second rang que pour occuper le premier. Incapable de commander en chef, il aurait été le meilleur lieutenant de Sévère, qui eut dans la suite assez de grandeur d’âme pour adopter plusieurs institutions utiles d’un ennemi vaincu[3].

  1. Pertinax, qui gouvernait la Bretagne quelques années auparavant, avait été laissé pour mort dans un soulèvement des soldats. (Hist. Aug., p. 54) Cependant les troupes le chérissaient, et elles le regrettèrent ; admirantibus eam virtutem, cui irascebantur.
  2. Suétone, Vie de Galba, c. 10.
  3. Hist. Aug., p. 76.