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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE.

CHAPITRE V.

Les prétoriens vendent publiquement l’empire à Didius-Julianus. Clodius-Albinus en Bretagne, Pescennius-Niger en Syrie, et Septime-Sévère en Pannonie, se déclarent contre les meurtriers de Pertinax. Guerres civiles et victoires de Sévère sur ses trois rivaux. Nouvelles maximes de gouvernement.

Proportion de la force militaire avec la population d’un état.

L’influence de la puissance militaire est beaucoup plus marquée dans une monarchie étendue que dans une petite société. Les plus habiles politiques ont calculé le nombre de bras que l’on peut employer au service des armes : selon eux, un état serait bientôt épuisé, s’il laissait ainsi dans l’oisiveté de l’état militaire plus de la centième partie des sujets qui le composent ; mais, quelque uniforme que puisse être cette proportion relative, l’influence de la puissance militaire sur le reste du corps social sera toujours en raison de la force positive de l’armée. Les avantages de la discipline et d’une tactique éclairée sont perdus, si les soldats ne forment point un seul corps, si ce corps n’est pas animé par une seule âme. Il est surtout essentiel de déterminer leur nombre. Ce n’est point avec une petite troupe que l’on peut tirer parti d’une semblable union ; dans une armée trop considérable, l’harmonie nécessaire pour les grandes entreprises ne saurait subsister : l’extrême délicatesse des ressorts ne contribue pas moins que leur pesanteur excessive à détruire la puissance de la