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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

tifier l’élection du nouvel empereur[1]. Ils restèrent assis pendant quelque temps en silence, ne pouvant croire un évènement qu’ils auraient à peine osé espérer, et redoutant les artifices cruels de Commode : mais lorsqu’ils furent assurés de la mort du tyran, ils se livrèrent aux transports de la joie la plus vive, et laissèrent en même temps éclater toute leur indignation. Pertinax représenta modestement la médiocrité de sa naissance, et désigna plusieurs nobles sénateurs plus dignes de monter sur le trône : mais, obligé de céder aux vœux de l’assemblée et aux protestations les plus sincères d’une fidélité inviolable, il reçut tous les titres attachés à la puissance impériale. [La mémoire de Commode déclarée infâme.]La mémoire de Commode fut dévouée à un opprobre éternel : les voûtes du temple retentissaient des noms de tyran, de gladiateur, d’ennemi public. On ordonna tumultuairement[2] que les dignités du der-

  1. Le sénat se rassemblait toujours au commencement de l’année, dans la nuit du 1er janvier (Voy. Savaron, sur Sid. Apoll., l. VIII, épît. 6) ; et cela arriva, sans aucun ordre particulier, cette année comme à l’ordinaire. (Note de l’Éditeur.)
  2. Ce que Gibbon appelle improprement, ici et dans la note, des décrets tumultuaires n’était autre chose que les applaudissemens ou acclamations qui reviennent si souvent dans l’histoire des empereurs. L’usage en passa du théâtre dans le Forum, et du Forum dans le sénat. On commença sous Trajan à introduire les applaudissemens dans l’adoption des décrets impériaux. (Pline-le-Jeune, Panég., c. 75.) Un sénateur lisait la formule du décret, et tous les autres