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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

qui composaient l’édifice de la puissance impériale, nous avons souvent désigné sous le nom bien connu d’Auguste celui qui en avait jeté les fondemens avec tant d’art : cependant il ne reçut ce nom qu’après avoir mis la dernière main à son ouvrage. Né d’une famille obscure[1], dans la petite ville d’Aricie, il s’appelait Octave, nom souillé par tout le sang versé dans les proscriptions. Lorsqu’il eut asservi la république, il désira pouvoir effacer le souvenir de ses premières actions. Comme fils adoptif du dictateur, il avait pris le surnom glorieux de César ; mais il avait trop de jugement pour espérer d’être jamais confondu avec ce grand homme, pour désirer même de lui être comparé. On proposa dans le sénat de donner un nouveau titre au chef de l’état. Après une discussion sérieuse, celui d’Auguste fut choisi parmi plusieurs autres, et parut rendre d’une manière convenable le caractère de paix et de piété qu’il affectait constamment[2]. Ainsi le nom d’Auguste était

  1. Octave n’était point issu d’une famille obscure, mais d’une famille considérable de l’ordre équestre : son père, C. Octavius, qui possédait de grands biens, avait été préteur, gouverneur de la Macédoine, décoré du titre d’imperator, et sur le point de devenir consul, lorsqu’il mourut. Sa mère, Attia, était fille de M. Attius-Balbus, qui avait aussi été préteur. M. Antoine fit à Octave le reproche d’être né dans Aricie, qui était cependant une ville municipale assez grande ; mais Cicéron le réfuta très-fortement. (Philipp. III, c. 6.) (Note de l’Éditeur.)
  2. Dion, l. LIII, p. 710, avec les notes curieuses de Reimarus.