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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. III.

qui tous continuaient à exercer quelques-unes des fonctions les moins importantes de leur charge. Ces honneurs excitaient encore la frivole ambition des Romains. Les empereurs mêmes, quoique revêtus pour toute leur vie du consulat, se mettaient souvent sur les rangs pour obtenir ce titre ; et ils ne dédaignaient pas de le partager avec les plus illustres d’entre leurs concitoyens[1]. Durant le règne d’Auguste on souffrit que le peuple, dans l’élection de ces magistrats, offrît le spectacle de tous les inconvéniens qui accompagnent la plus turbulente démocratie. Loin de laisser apercevoir le moindre signe d’impatience, ce prince adroit sollicitait humblement pour lui, ou pour ses amis, les suffrages du peuple, et il remplissait avec la dernière exactitude tous les devoirs d’un candidat ordinaire[2]. Mais, selon toutes les apparences, son successeur n’agit que par ses conseils, lorsque, pour première mesure de son règne,

    droit d’intercession, quoiqu’il eut été dangereux d’en faire usage. (Tacite, Ann., XVI, 26). Du temps de Trajan, on ignorait si le tribunat était une charge ou un nom. (Lettres de Pline, I, 23.)

  1. Les tyrans eux-mêmes briguèrent le consulat. Les princes vertueux demandèrent cette dignité avec modération, et l’exercèrent avec exactitude. Trajan renouvela l’ancien serment, et jura devant le tribunal du consul qu’il observerait les lois. (Pline, Panégyrique, c. 64.)
  2. Quoties magistratuum comitiis interesset, tribus cum candidatis suis circuibat ; supplicabatque more solemni. Ferebat et ipse suffragium in tribubus, ut unus è populo. (Suétone, Vie d’Auguste, c. 56)