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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

ceux qui reconnaissaient les lois de Rome, citoyens, esclaves, ou habitans des provinces. Le dénombrement fait par l’empereur Claude, lorsqu’il exerça la fonction de censeur, était de six millions neuf cent quarante-cinq mille citoyens romains, ce qui pourrait se monter environ à vingt millions d’âmes, en comprenant les femmes et les enfans. Le nombre des sujets d’un rang inférieur était incertain et sujet à varier ; mais, après avoir pesé avec attention tout ce qui peut entrer dans la balance, il est probable que, du temps de Claude, il existait à peu près deux fois autant de provinciaux que de citoyens de tout âge, de l’un et de l’autre sexe. Les esclaves étaient au moins égaux en nombre aux habitans libres de l’empire[1]. Le résultat de ce calcul imparfait serait donc d’environ cent vingt millions d’âmes ; population qui excède peut-être celle de l’Europe moderne[2], et qui forme la société la plus nombreuse que l’on ait jamais vue réunie sous un seul gouvernement.

  1. Selon Robertson, il y avait deux fois autant d’esclaves que de citoyens libres. (Note de l’Éditeur.)
  2. Si l’on compte vingt millions d’âmes en France, vingt-deux en Allemagne, quatre en Hongrie, dix en Italie et dans les îles voisines, huit dans la Grande-Bretagne et en Irlande, huit en Espagne et en Portugal, dix ou douze dans la Russie européenne, six en Pologne, six en Grèce et en Turquie, quatre en Suède, trois en Danemarck et en Norvège, et quatre dans les Pays-Bas, le total se montera à cent cinq ou cent sept millions. Voyez l’Histoire générale de M. de Voltaire.