Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 1.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

eurent été réunies sous un seul gouvernement, les sources étrangères de l’abondance des esclaves commencèrent à se tarir ; et pour en entretenir toujours le même nombre, les Romains furent obligés d’avoir recours à des moyens plus doux, mais moins prompts[1] : ils encouragèrent les mariages entre leurs nombreux esclaves, et surtout à la campagne. Les sentimens de la nature, les habitudes de l’éducation, la possession d’une sorte de propriété dépendante, contribuèrent à adoucir les peines de la ser-

    dépendance, que les sentimens de la nature peuvent se développer, que les habitudes de l’éducation deviennent douces et fortes ? Il ne faut pas attribuer à des causes peu efficaces ou même sans énergie, des effets qui ont besoin, pour s’expliquer, d’être rapportés à des causes plus puissantes ; et lors même que les petites causes auraient eu une influence évidente, il ne faut pas oublier qu’elles étaient elles-mêmes l’effet d’une cause première, plus haute et plus étendue, qui, en donnant aux esprits et aux caractères une direction plus désintéressée, plus humaine, disposait les hommes à seconder, à amener eux-mêmes, par leur conduite, par le changement de leurs mœurs, les heureux résultats qu’elle devait produire. (Note de l’Édit.)

  1. Les Romains permettaient à leurs esclaves une espèce de mariage (contubernium) aussi-bien dans les premiers siècles de la république que plus tard ; et malgré cela, le luxe rendit bientôt nécessaire un plus grand nombre d’esclaves (Strab., l. XIV, p. 668) : l’accroissement de leur population n’y put suffire, et l’on eut recours aux achats d’esclaves, qui se faisaient même dans les provinces d’Orient soumises aux Romains. On sait d’ailleurs que l’esclavage est un état peu favorable à la population. Voy. les Essais de Hume, et Essai sur le principe de population, de Malthus, t. I, p. 334. (Note de l’Éditeur)