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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

Le grec et le latin exerçaient en même temps dans l’empire une juridiction séparée : l’un comme l’idiome naturel des sciences, l’autre comme le dialecte légal de toutes les transactions publiques. Ces deux langues étaient également familières à ceux qui, au maniement des affaires, unissaient la culture des lettres ; et parmi les sujets de Rome, ayant reçu une éducation libérale, il était presque impossible d’en trouver qui ignorassent l’une et l’autre de ces langues universelles.

Esclaves.

Ce fut par de semblables institutions que les nations de l’empire se confondirent insensiblement dans ce même nom et ce même peuple romain ; mais il existait toujours au centre de toutes les provinces, et dans le sein de chaque famille, une classe d’hommes infortunés, destinés à supporter toutes les charges de la société sans en partager les avantages. [Leur traitement.]Dans les états libres de l’antiquité, les esclaves domestiques étaient exposés à toute la rigueur capricieuse du despotisme. L’établissement complet de l’Empire romain avait été précédé par des siècles de violences et de rapines. Les esclaves étaient, pour la plupart, des Barbares captifs, que le sort des armes faisait tomber par milliers entre les mains du vainqueur[1], et que

    dégrada un habile Grec, parce qu’il n’entendait pas le latin ; il était probablement revêtu de quelque charge publique. (Suét., Vie de Claude, c. 16.)

  1. C’est là ce qui rendait les guerres si meurtrières et les combats si acharnés : l’immortel Robertson, dans un excellent discours sur l’état de l’univers lors de l’établissement du christianisme, a tracé un tableau des funestes effets de