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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

familles dans le pays qui avait été le théâtre de leurs exploits. Dans tout l’empire, mais principalement dans la partie occidentale, on réservait les terrains les plus fertiles et les positions les plus avantageuses pour les colonies, dont les unes étaient d’institution civile, et les autres d’une nature militaire. Dans leurs mœurs et dans l’administration intérieure, elles présentaient une image parfaite de la métropole. Elles contribuaient à faire respecter le nom romain ; les habitans du pays où elles étaient situées, unis bientôt avec elles par des alliances et par les nœuds de l’amitié, ne manquaient pas d’aspirer, dans l’occasion favorable, aux mêmes honneurs et aux mêmes avantages, et manquaient rarement de les obtenir[1]. Les villes municipales parvinrent insensiblement au rang et à la splendeur des colonies. Sous Adrien, l’on disputait pour savoir quel sort devait être préféré, ou celui de ces sociétés que Rome avait tirées de son sein, ou celui des peuples qu’elle y avait reçus[2].

  1. Vingt-cinq colonies furent établies en Espagne (voyez Pline, Hist. nat., III, 3, 4 ; IV, 35), et neuf en Bretagne, parmi lesquelles Londres, Colchester, Lincoln, Chester, Gloucester et Bath, sont encore des villes considérables, Voyez Richard de Cirencester, p. 36 ; et l’Histoire de Manchester, par Whitaker, l. I, c. 3.
  2. Aulu-Gelle, Noctes atticæ, XVI, 13. L’empereur Adrien était étonné que les villes d’Utique, de Cadix et d’Italica, qui jouissaient déjà des priviléges attachés aux villes municipales, sollicitassent le titre de colonies : leur exemple fut cependant bientôt suivi, et l’empire se trouva