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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

les citoyens exercent l’autorité souveraine : entre les mains d’une multitude immense, incapable de suivre la même direction, cette autorité est une source d’abus, et finit par s’évanouir. Mais lorsque les empereurs eurent supprimé les assemblées populaires, les vainqueurs se trouvèrent confondus avec les autres nations ; seulement ils tenaient le premier rang parmi les sujets. Leur accroissement, quoique rapide, n’était plus accompagné des mêmes dangers ; cependant les princes qui adoptèrent les sages maximes d’Auguste maintinrent avec le plus grand soin la dignité du nom romain, et ils furent très-réservés à accorder le droit de cité[1].

Italie.

Avant que les priviléges des Romains se fussent étendus à tous les habitans de l’empire, l’Italie, bien différente des autres provinces, était le centre du gouvernement et la base la plus solide de la constitution : elle se vantait d’être le berceau, ou du moins la résidence des sénateurs et des Césars[2]. Les

  1. Mécène lui avait conseillé, dit-on, de donner, par un édit, à tous ses sujets le titre de citoyens ; mais nous soupçonnons, à juste titre, Dion d’être l’auteur d’un conseil si bien adapté à l’esprit de son siècle, et si peu à celui du temps d’Auguste.
  2. Les sénateurs étaient obligés d’avoir le tiers de leurs biens en Italie (voyez Pline, l. VI, ép. 19) ; Marc-Aurèle leur permit de n’en avoir que le quart. Depuis le règne de Trajan, l’Italie commença à n’être plus distinguée des autres provinces.