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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

usait quelquefois de ce privilége commun pour opposer une digue à l’inondation de tant de cérémonies ridicules. De toutes les religions, celle des Égyptiens était la plus vile et la plus méprisable ; aussi l’exercice en fut-il souvent défendu : on démolissait les temples d’Isis et de Sérapis, et leurs adorateurs étaient bannis de Rome et de l’Italie[1]. Mais que peuvent les faibles efforts de la politique contre le zèle ardent du fanatisme ? Bientôt les exilés reparaissaient ; on voyait s’augmenter en même temps le nombre des prosélytes ; les temples étaient rebâtis avec encore plus de magnificence ; enfin Isis et Sérapis prirent

  1. Dans l’année de Rome 701, le temple d’Isis et de Sérapis fut démoli en vertu d’un ordre du sénat (Dion, l. XL, p. 252), et par les mains mêmes du consul. (Valère-Maxime, I, 3.) Après la mort de César, il fut rebâti aux dépens du public. (Dion, XLVII, p. 501.) Auguste, dans son séjour en Égypte, respecta la majesté de Sérapis (l. LI, p. 647) ; mais il défendit le culte des dieux égyptiens dans le pomœrium de Rome, et à un mille aux environs. (Dion, l. LIII, p. 679 ; l. LIV, p. 735.) Ces divinités furent assez en vogue sous son règne (Ovid. De art aman. l. I) et sous celui de son successeur, jusqu’à ce que la justice de Tibère eût obligé ce prince à quelques actes de sévérité. Voyez Tacite, Annal, II, 85 ; Josèphe, Antiquit. l. XVIII, c. 3. (*)
    (*) Gibbon fait ici un seul événement de deux événemens éloignés l’un de l’autre de cent soixante-six ans. Ce fut l’an de Rome 535 que le sénat ayant ordonné la destruction des temples d’Isis et de Sérapis, aucun ouvrier ne voulut y mettre la main, et que le consul L. Æmilius-Paulus prit lui-même une hache pour porter le premier coup. (Val.-Max., l. I, c. 3.) Gibbon attribue cette circonstance à la seconde démolition, qui eut lieu en 701, et qu’il regarde comme la première. (Note de l’Éditeur.)