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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. II.

telle, que les nations faisaient moins d’attention aux différences qu’aux rapports de leur croyance religieuse. Souvent le Grec, le Romain, le Barbare venaient offrir leur encens dans les mêmes temples : malgré la diversité de leurs cérémonies, ils se persuadaient aisément que, sous des noms différens, ils invoquaient la même divinité. Les chants d’Homère embellirent la mythologie ; et ce poète donna le premier une forme presque régulière au polythéisme de l’ancien monde[1].

Des philosophes.

Les philosophes de la Grèce avaient puisé leur morale dans la nature de l’homme plutôt que dans celle de l’Être suprême. La divinité était cependant à leurs yeux l’objet d’une méditation profonde et très-importante : ils développèrent dans leurs sublimes recherches la force et la faiblesse de l’esprit humain[2]. On distinguait parmi eux quatre sectes principales. Les stoïciens et les platoniciens s’efforcèrent de concilier les intérêts opposés de la raison et de la piété. Ils nous ont laissé les preuves les plus sublimes de l’existence et des perfections d’une cause première ; mais comme il leur était impossible de con-

  1. Voyez pour exemple César, De bello gallico, VI, 17. Dans le cours d’un ou de deux siècles, les Gaulois eux-mêmes donnèrent à leurs divinités les noms de Mercure, Mars, Apollon, etc.
  2. L’admirable courage de Cicéron, sur la nature des dieux, est le meilleur guide que nous puissions suivre au milieu de ces ténèbres et dans un abîme si profond. Cet écrivain représente sans déguisement et réfute avec habileté les opinions des philosophes.