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DE L’EMPIRE ROMAIN. CHAP. I.

enfermées dans les limites de la puissance des Turcs ; mais au lieu de suivre les divisions arbitraires, imaginées par l’ignorance et par le despotisme, prenons une route plus sûre et en même temps plus agréable pour nous : observons les caractères ineffaçables de la nature. On appelle Asie Mineure cette péninsule qui, bornée par l’Euphrate du côté de l’orient, s’avance vers l’Europe entre le Pont-Euxin et la Méditerranée. Les Romains avaient donné le titre exclusif d’Asie au vaste et fertile pays situé à l’occident du mont Taurus et du fleuve Halys. Cette province renfermait les anciennes monarchies de Troie, de Lydie et de Phrygie, les contrées maritimes des Lyciens, des Pamphiliens et des Cariens, et les colonies grecques fondées en Ionie, qui, non dans la guerre, mais dans les arts, égalaient la gloire de leur métropole. Les royaumes de Pont et de Bithynie occupaient tout le nord de la péninsule, depuis Constantinople jusqu’à Trébizonde. À l’extrémité opposée, la Cilicie était bornée pas les montagnes de Syrie. Les provinces intérieures, séparées de l’Asie romaine par le fleuve Halys, et de l’Arménie par l’Euphrate, avaient autrefois formé le royaume indépendant de Cappadoce. La souveraineté des empereurs s’étendait sur les côtes septentrionales du Pont-Euxin, en Asie, jusque par-delà Trébizonde ; en Europe, jusqu’au-delà du Danube. Les habitans de ces contrées sauvages, connues maintenant sous les noms de Budziack, de Tartarie-Crimée, de Circassie et de Mingrélie, recevaient de leurs mains