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êtres exquis la Flûte rêve hésitante entre les Monts et la Terre. Puis la sérénité même monte de la Musique ultime en des atmosphères candides, louangeant, d’Instruments chimériques tant ils ne sont rien évoquée, quelque Prêtre d’un Culte disparu ou futur.


Non, qu’elle ne se lamente, l’heureuse Poésie : et que soit à mon vœu donné le pardon des Trois divinateurs, mais du dernier.


Alors, pour garder ma vénération, à l’horizon qui pour moi s’est ouvert mon adieu doit-il s’éplorer ; et n’ira-t-il vers la patrie, mon désir orphelin ?

Que non ! il me revient que les Trois ont, des instants prophétiques, vers on ne sait quel grand Pays marqué l’espoir on ignore de quels pas : et je gravis désormais, celui qui plus longtemps ne doute de l’assentiment, la voie droite et solitaire, disant : qu’elle multipliera ses Instruments, l’Instrumentation, et que des Voix de plus en plus diverses et voulues hors du balbutiement primordial émergeront, maîtresses esseulées.

Trop souvent nous phrasâmes seulement, sous nos longueurs se voila notre stérilité qui ruse. Assez patients, austères et studieux regardeurs, nous n’avons pas hanté la Nature rythmique : et vers l’Autre, sa sœur au geste parvenue, elle ne nous mena pas : vers la Vie toute ! qui dans son ventre tient le dieu.

Autrement, les poètes, nous aurions vu à des heures plus hâtives, (et nous pensâmes, en parlant, rivaliser !) qu’est sonnée par le Tout une immatérielle et naturelle Instrumentation exaltant, trésor de ton sein, ô Poésie ! les Idées.