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science, — mais autant seulement qu’ils la peuvent soumettre au Dogme. Au xviiie siècle, sous l’action surtout de Buffon, — ils chantent la Science et s’enorgueillissent d’elle, selon ses données tentent d’œuvrer une Genèse du monde, et par la science ils aperçoivent un progrès ininterrompu et illimité : cependant qu’ils n’en tirent point de concept philosophique particulier, et demeurent dans la tradition théologique. — Au xixe siècle, la matière du chant poétique s’élargit, devient plus complexe, sans que soit conçue pourtant une Œuvre synthétique.

Quant au concept qui émane du rapport conscient et ému de l’Humain avec l’Universel, — pour tous, c’est un concept en désaccord avec l’esprit évolutionniste, c’est un concept pessimiste : dont les poètes de Bonheur et des Poèmes antiques et modernes ne sortent avec amertume, l’un, que par un vague spiritualisme et l’acceptation d’un sentiment de Sacrifice, — l’autre, par un plus haut et stoïque altruisme et l’orgueil de l’Intelligence… Strada est nettement spiritualiste et théiste, et si Leconte de Lisle se lève contre