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où Strada, au nom de sa doctrine, montre tous les errements de l’humanité provenir de ses directions Fidéistes et Rationalistes impuissantes à la mener par la seule voie. L’Œuvre, d’énorme travail, comprend plus de quinze volumes, et d’autres n’ont pas paru, la mort étant venue arrêter cette âpre volonté. Excepté le premier volume, la Genèse universelle, le plus grand, ils se présentent tous sous l’aspect dramatique : drames en vers qui ne se pourraient guère mettre à la scène, avec, entre les actes, des Méditations du poète qui sont souvent, surtout en les premiers livres, d’une intense valeur de pensée… Strada a, en somme, voulu une philosophie de l’Histoire du monde. Nous retiendrons la Genèse, la Mort des Dieux, la Mêlée des Races, Les Races, — Les livres qui suivirent n’eurent plus la puissance évocatrice, le verbe énergique, le mouvement, des quatre que nous venons de dire. S’ils sont intéressants, si les méditations en intermèdes (qui paraissent souvent être d’une époque antérieure au drame lui-même) demeurent d’une grande élévation morale, ils attestent un art diminué, prosaïque, — alors, avons-nous dit,