Page:Ghil - La Tradition de poésie scientifique, 1920.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 79 —

Strada, le Fait n’est point tel, et pour lui il a valeur métaphysique :

« Le Fait, dit-il, est la manifestation de l’Être, la manifestation, quelle qu’elle soit, de tout ce qui a été, est et sera, c’est-à-dire du Tout ». Et, comme le Fait manifeste l’Être, c’est donc l’Être qui transmet au Fait le droit d’être critérium. Donc, l’Être est en réalité lui-même le véritable critérium : donc Dieu est ce critérium. Le Fait démontre Dieu… Dans la création du monde, l’Idée a été l’agissant intermédiaire entre Dieu et son œuvre. Et le monde créé se réunit à Dieu par la Pensée. De là naît une religion de la Science, que Strada nomme : « théisme scientifique ».

Nous n’avons à examiner cette doctrine, que pour seulement la voir spiritualiste au sens habituel, et en trouver l’essence en Platon. Et, alors qu’elle présuppose une cause motrice en dehors de la Substance, et qu’au Fait d’expérience se superpose une valeur métaphysique, — nous ne pouvons l’admettre comme de science.

L’Épopée humaine apparaît ainsi qu’une critique de l’évolution à travers l’Histoire du monde