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ou moins de puissance d’intuition et de verbe adéquat à leurs visions, mais ils ne re-créent pas !…

Nous revenons au plus impeccable poète de notre série, — en ce sens qu’il en est la plus artiste intelligence, la plus ordonnatrice et la plus volontaire, — Leconte de Lisle, Mais, d’un mot expliquons l’orientation nouvelle, la reprise, après le Romantisme, d’une poésie où le sens personnel, de sentiments et de concepts égotistes, s’atténue ou disparaît : c’est que, vers la moitié du xixe siècle, s’impose à nouveau l’esprit scientifique. Lamarck, et Geoffroy Saint-Hilaire luttant contre Cuvier, ont continué le génie de Buffon, — et Lamarck a été le précurseur de Darwin de qui la traduction de l’Origine des Espèces paraît, trois ans après sa publication, en 1862. — Nous avons noté que Leconte de Lisle vient directement après Vigny : il semble même que l’on doive apercevoir un parallélisme entre les titres des œuvres des deux poètes, de même qu’on peut voir suggérée par l’Œuvre de Leconte de Lisle, la Légende des Siècles. Hugo étant le redoutable et inconscient assimilateur que l’on sait, vulgarisant de plus intenses et artistes