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sible, au « sens universel » qui est l’esprit même de la « Poésie scientifique ». — Et Gœthe, rappelons-le maintenant, eut pour Du Bartas des louanges enthousiastes, lui qui le pouvait comprendre et comprendre la portée de son œuvre…


Au xviie siècle, nous ne trouvons point de poètes à tendances « scientifiques »… Malherbe et les Précieuses ont passé, pour dépouiller la langue luxuriante, pittoresque, sensitive, savoureuse, du xvie. On a alors une langue nette, polie, claire (oh ! cette « clarté », au nom de laquelle les esprits immobiles vitupèrent encore, à qui il nous paraît assez de répondre simplement par l’ironique et plein proverbe Malai : « De l’eau est de l’eau, — et la vague est la vague ! »). La langue est dépouillée de ses éléments concrets, sonores, colorés : ce ne sont plus qu’éléments rationnels, et nul poète ne saura alors et ensuite rendre concret l’Abstrait, — en attendant Baudelaire, le premier qui le sut… Racine pourtant usera de cette langue, et quelle musicalité mélodieuse il en tirera ! Mais La Fon-