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trouvons averti d’astronomie, encore qu’il ignore, ou repousse, la théorie du mouvement de la terre qu’il dit « calme et immobile », et de même, en médecine dont il parle à propos des quatre Éléments, il n’a pas connaissance de la théorie de la circulation du sang, qui venait d’être émise en Italie. Souvent, il se sert de comparaisons tirées de l’anatomie. Il connaît l’histoire naturelle des animaux et des plantes, la minéralogie, et a étudié la chimie…

Nous voudrions pouvoir maintenant apporter ici quelques extraits, pris du Chant Premier, en exemple que ce poète a conçu avec amplitude et en un verbe qui sait se produire une atmosphère de suggestion. Puissance novatrice admirable, volonté énorme, si l’on se souvient en même temps que nous sommes au xvie siècle, alors que la langue poétique, que la langue en général, sont en train d’acquérir et n’ont pas encore exprimé de pensées et d’images amples en d’amples périodes. Force m’est de signaler simplement tels passages :

« Ce premier monde était une forme sans forme,
Une pile confuse, un mélange sans norme