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Et, au Chant Premier, en l’invocation à Dieu, se proposant d’exprimer le monde et ses « âges divers », il s’écrie qu’ainsi il veut « Pour mieux contempler Dieu, contempler l’Univers ! » Tandis que Jean de Meung paraît philosophiquement, par moments, sur le point de s’émanciper du Dualisme qui exige une intervention extérieure et divine, du Bartas, lui, demeure théologiquement en cette conception. Mais nous le tenons pour un grand précurseur de Poésie-scientifique, pour la manière surprenante, grandiose souvent, dont, pour chanter selon la Semaine sacrée, il se sert de toutes les ressources que lui donnait la Science de son temps. La somme de ses connaissances est continuement présente à son esprit. Elles se présentent précisément, elles s’appellent l’une l’autre en associations d’idées et d’images : oui, évidemment, en tressauts chaotiques, en maints endroits, sans pureté et sans grande méthode, — mais cependant, avec une préoccupation dès lors heureuse et puissante, de montrer et suggérer les dépendances des phénomènes entre eux, leur harmonie en un plan unitaire d’évolution… Nous le