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nous n’allons point trouver pareil cri, total et torturé, qui soit comme de l’âme même de la Poésie-scientifique, — nous découvrirons du moins en ses grands Précurseurs l’instinct ou le vouloir de la nécessité première de sortir de l’Égotisme comme mesure de l’émotion inspiratrice, et l’élargissement de cette inspiration à des spéculations philosophiques et sociales, à des méditations générales sur l’Histoire et sur les temps présents, à du rêve, ne soit-il que rêverie, sur les destinées humaines. Ainsi repèrerons-nous en les uns et les autres divers points d’orientation, tentatives, réalisations, mais cependant incomplètes, puisque manque aux œuvres et à leurs auteurs le principe générateur qui puisse ramener toutes parties de la connaissance à une valeur synthétique.

L’on pourrait dire que le chant épique (la chanson de Geste) appartient à notre Étude, puisque, alors même qu’il tient d’un récit épisodique d’Histoire, — telle la « Chanson de Roland », par exemple, — il le grandit aux limites de la Légende : ce qui est une manière d’impersonnaliser et d’universaliser les Faits, en leur ôtant quasi toute