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Et voici, de la Nouvelle-Zélande, de la pensée sous les siècles des tribus Maories cette méditation métaphysique :

« De la conception, l’accroissement. De l’accroissement, l’intumescence. De l’intumescence, la pensée. — De la pensée, le souvenir. Du souvenir, le désir. — Fécond devint le mot. Et il s’unit avec la vague lueur, et il engendra la nuit. — Du néant, la naissance. »…

Et c’est, d’entre les monts rouges et noirs d’O Taïti, et la nuit lourde d’arômes et de nuages de ses végétations, cette prosternation première, énumérant comme parmi des éclats de tonnerre l’acte premier du dieu, Substance et Volonté :

« Il était ! Taaroa était son nom. Il planait dans le vide : point de terre et point de ciel… Taaroa appelle, mais rien ne lui répond. Alors, de son existence solitaire il tira l’existence du monde. Les piliers, les rochers, les sables, se lèvent à la voix de Taaroa : c’est ainsi que lui-même s’est nommé ! Il est le germe et l’assise, et l’incorruptible. »

Et tandis qu’en la vallée du Nil inondant, le poète cosmogonique de Khama rend adoration au dieu Ra-Toum-Choper, « soleil couchant, soleil