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savoir essentiel… Or (et avec les philosophes-naturalistes d’Ionie, poètes eux-mêmes de la Mutabilité de choses et des êtres : Thalès, Anaximandre, Héraclite, Démocrite, Anaxagore, Pythagore, etc.), ils n’étaient que les continuateurs vers l’Occident du poème énorme d’intuition et de puissance vers l’Unité où s’était exprimée, depuis la communion première, hagarde et méditante avec la Nature et ses Forces, la philosophie Asiatique. Alors que le philosophe était en même temps le savant, le poète et le prêtre, ou, plus lointainement, le sorcier redoutable et providentiel qui, dès lors, portait occultement le poids de la tribu…

Toute Poésie alors, s’élargissait de l’horreur sacrée où se mêlait primordialement la genèse des choses et des êtres transmutables entre eux. Elle surgissait en énergies démesurées et en subtilités tendres, de sub-consciences inconnues et qui voulaient revivre, de temps presque dispersés dans l’espace et l’immémoire d’Humanités d’où s’étaient initiés le chant ordonnateur des Cosmogonies et les prières persuasives ou imprécatoires aux Totems, et les incantations magiques, — en tous