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cours de toutes sciences puisse actuellement rendre certains, elle est d’essence impersonnelle. Elle n’appartient point au particulier, mais au général. — D’elle (nous verrons aux dernières pages de notre Étude en quel sens elle s’impose désormais), le Poète doit s’universaliser à un concept philosophique tel, que son propre « moi » soit, non plus une valeur critique en tant que mesure du monde, mais un rapport intelligent et ému relié nécessairement à tous rapports de la Substance à travers tout son processus.

Et seulement alors il se mettra à l’Œuvre poétique qu’il a en vue. Et, que cette Œuvre soit de dix volumes ou qu’elle n’en compte qu’un seul, elle s’avèrera de sens universel, naturellement. En la constante conscience de ce concept impersonnel et là vraiment scientifique, — le poète reprendra pour l’Œuvre tous les matériaux sériés de son acquis, s’évertuant à harmonier le plus de rapports possible de l’Univers et de l’Humain, tâchant à en trouver de nouveaux et de plus occultes. De manière que, sensitive et intellectuelle en même temps, cette Œuvre puisse suggestivement susciter