Page:Ghil - La Tradition de poésie scientifique, 1920.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 17 —

due à la science, les noms de Delille, d’André Chénier, de Sully-Prudhomme. Il ne conçoit pas pour les poètes qui vont venir, une mentalité autre que de ceux-ci, d’hier : il voit qu’ils écriront encore des poèmes sur des « thèmes » donnés, en émerveillement extérieur, par la science, — thèmes plus vastes, plus lourds d’occulte et d’intensité émotive peut-être, mais des « thèmes » l’un après l’autre traités, détachés ou reliés de liens précaires sous la volonté de l’inspiration égo-centriste, encore… Certes et malheureusement, il est, il sera sans doute encore des poètes qui se diront ou que l’on dira « scientifiques », — qui n’auront d’autre conception de la Poésie-scientifique. Ceux-là nous les repoussons loin d’elle.

Il ne s’agit plus d’exalter les découvertes de la science ni leurs applications hasardeuses, non plus que la persévérance sereinement passionnée du savant. C’est que la « Poésie-scientifique », mot et chose, de seul sens synthétique, — nous l’avons voulue, tant par la matière qu’elle comprend que par sa technique verbale et rythmique :