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C’est donc très-improprement qu’ensuite, disons-nous, le savant départage poésie philosophique et poésie-scientifique : « La Poésie-scientifique n’est pour la science qu’une parure. » ! D’autant étrange, cette parole, qu’à quelques lignes de là, il se montre exactement averti, pour une part, d’où et de quelles matières apportées par la science se dégagera désormais l’émotion nouvelle du poète, — et il entend ici, sans erreur, le poète-scientifique : « Si à la poésie est nécessaire le mystère, — il n’est pas à craindre qu’il puisse disparaître, il ne peut que reculer. Si loin que la Science pousse ses conquêtes, son domaine ne comprendra pas tout. »… Mais quand il dit que les abîmes de grandeur et de petitesse que le télescope et le microscope nous dévoilent, l’harmonie cachée des lois naturelles, la vie renaissante et diverse, voilà des thèmes dignes de tenter les poètes : alors, nous comprenons pourquoi le savant se trompe sur la Poésie-scientifique :

« Thèmes dignes de tenter les poètes », s’écrie-t-il, — et, ce disant, il garde erronément en sa mémoire, comme probants de l’inspiration poétique