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pudeur, allait se précipitant d’année en année au nœud qui éclaterait, des résultantes : parce que cette Poésie, mon vouloir et ma vie, en partant de la Science et en opérant spirituellement, en re-création consciente et émue du monde, une Synthèse, — a droit aux anticipations et se redoue du don de vaticination, qui n’est que le terme de déductions et soudaineté d’éclair d’intuitions… Je terminais alors, vingt années avant le soir du tocsin ! les livres de partie moderne de mon Œuvre où nous avons donné mission nouvelle à la Poésie, de saisir en son poème les visions et l’émotion du monde trépidant des Activités mécaniques et chimiques mettant à leur service la science, irrespectée et dont seul vaut l’utilitarisme. Livres qui avaient évoqué la vie industrialisée et assidue à une surproduction créatrice de la misère inassouvie des Besoins, — qui, de cette intensité de vitesses mécaniques attirant de vertige les âmes, avaient dit le retentissement désagrégeant parmi les provinces et leurs villes monotones et malignes, et leurs villages se dépeuplant vers les grandes Villes de gain et d’usures morales et corporelles, — qui avaient dit