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Très longue et pâle dame en son manoir moderne
Haut en un mont, de sa Terrasse nue, et d’heur
Très pleine au haut des prés où son sourire hiverne,
Très longue et pâle dame elle parle au Seigneur !

Oh ! loin vont-elles dans les passés et spleens pâles,
Les mémoires d’hivers où les mêmes valseurs, —
Tournis mous et navrés, — vont des mêmes égales
Valses d’ennui, sans paix, et des migraines sœurs :

Alors, n’avait-elle eu le doux amant des mères,
Heur ! et, reprie en elle un passé virginal,
Quand, des draps relevée, elle avait des prières
Très vagues aux grands lis du grand gel hivernal !

Très pâle et longue dame, elle parle, l’exsangue
Sous les lis : et, sous eux pleins d*une eau roide et d’or,
Veille en son haut giron, oyant leur vierge langue,
Son doux Homme avenir qu’elle appelle Trésor !…