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Mais, hélas ! est-il si large le Rêve ? — Vous qui ré- pondez : Oui, songez donc à la Vie !

Vers dix-sept ou dix-huit ans, l’on ne va pas si loin dans la réflexion : l’on est aux heures de l’éveil, aux heures où Tous, et surtout nous, poètes ! nus vivons hors de la Vie, avec des pensers de héros, et où nos ardeurs animent les Rêves les plus grands : alors nous vous aimons, Lyriques ! et nous, nous prenons la Lyre après vous, — après vous, hélas ! — et si les Rêveurs sont le passé glorieux, ils sont le passé : le Monde a marché ! — et c’est pourquoi, moi, né d’hier, quoique vénérant les Vieux, je pense que nous ne devons pas refaire leurs œuvres ; et pourquoi, voix des Modernes, j’ai dit : Plein de l’horreur du Rêve sans plein air, sans sèves et sans sueurs : Ce n’est pas mépris, mais désir de progrès.

Je puis parler ainsi ; j’en viens, de la Terre du Rêve. Il me plaît de le dire, premièrement, — pour qu’on ne hue pas : que je viens au Réalisme parce qu’il prend, et que mon espoir est d’arriver mieux ainsi : si j’avais