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de la poésie scientifique

et des œuvres des Devanciers. L’on s’appropria quelques idées en les présentant comme neuves, avec innocence, — l’on dénatura quelque peu, sans voir l’incohérence, sans prendre garde qu’hier gardait les Dates et les Faits… Et l’on applaudit très haut : voilà ce qui maintenant était raisonnable !

C’était certes, la loi préconisée du moins d’énergie. — Sans d’aucuns, elle serait presque dominante à l’heure présente où l’on ne discute même plus, où la plupart sont même trop ignorants d’hier pour s’en douter même. L’on est revenu aux thèmes du Romantisme, à l’anecdote égotiste sentimentale, exprimés par le vers le plus commodément classique dont la mélopée contente si directement l’oreille, élue comme suprême raison par Sully-Prudhomme, — qu’il n’est quasi plus nécessaire d’écouter pour entendre : dernier mot du moindre-effort…

Et M. Catulle Mendès de s’écrier : « Quelle admirable France qui ne cesse de produire des poètes, encore des poètes ! » Et qui se ressemblent tous, pourrait-il dire pour aggraver cette exaltation nationale, mais mal à propos, car si l’Étranger, partout, étudie, traduit, commente les Poètes Français et subit leur action, — ce sont ceux d’hier. Et il ignore ou méprise ceux de l’heure présente, nous le savons… Hélas ! pourtant, le contentement de M. Catulle Mendès qui s’est accru superbement, a commencé du soir (1897), où, sous le patronage de Stéphane Mallarmé, Sully-Prudhomme, François Coppée et Hérédia, présents et étrangement réconciliés, un Banquet en son honneur réunit sous son sourire parnassien, la plupart des apaisés poètes du « Symbolisme ». — Et le triomphe n’était pas pour eux, qui ainsi ont donné