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de la poésie scientifique

que la Poésie doive devenir l’émotion suprême de la connaissance et de la conscience humaines.



L’historique même de la « Poésie scientifique » m’a amené à relever évidemment l’action que telles ou telles parties de sa Méthode ou tels ou tels de mes livres ont exercée primordialement sur les Écoles adverses en général, ou sur certaines individualités plus particulièrement.

Cette action s’est continuée, que d’aucuns, plaçant en ma pensée leur point de départ, ont trouvée persuasive et puissante de devenirs poétiques.

Cette action, d’autres maladroitement ont voulu la céler, — qui l’ont subie, ou en elle ont recherché quelques éléments à être originaux sans s’apercevoir qu’ils en devenaient incohérents. N’est-ce point cependant un plaisir, qu’avoir d’énergie latente pénétré et réduit à parler mes propres paroles, même des négateurs[1]… Je retiendrai seulement, sans insistance qui serait déplacée, cette constatation générale apportée en tête d’une Étude pénétrante et avertie, remarquée, de M. John Charpentier[2], que nous avons aimé citer, — un « Jeune », poète et de claire valeur critique, toutes qualités qui la rendent précieuse : « Depuis assez longtemps déjà, parmi la majorité des poètes une ten-


  1. « Tandis qu’avec une volonté obstinée, sans entendre les rires parfois stupides de ses critiques officiels, sans se préoccuper non plus des objections amicales, il poursuivait son labeur, quelques-unes de ses idées faisaient fortune, et d’aucuns, plus adroits, les transmuaient et déformaient à l’usage de la Bourgeoisie française ». Pierre Quillard. — Mercure de France, mars 1907.
  2. John L. Charpentier. — Revue Hebdomadaire, oct. 1906.