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Hélas en l’œuvre sainte où des Torses nus vont
par les Ateliers dur qui strident,
par les Ateliers dur qui strident, chœur de gloires –
devant les grands volants mûs de Vapeur vainquant
nos poings vastes et doux aux Marteaux en vol, quand
virants ! ô ne donneront plus d’élan d’orage…


Fort de l’élan, noir et le Marteau dans le poing
des derniers Travailleurs dont ne vaut la manœuvre
quelque soir, le dernier apprendra l’exil long
et sinistre et sinistre et sinistre des ires
et pleurs et dans les Yeux, il aura vers le loin
le désespoir muet de la main vide d’œuvre.

Alors, ô Torses grands ! ô grands marais velus
des poils multipliés en l’eau des sueurs noires —
aux Ateliers où ondoient métaux et gloires
les marteaux splendissants ne vireront-ils plus
des elliptiques heurts dignes de remémoires :

Alors, ô Tourneurs noirs ne virerez-vous plus —
Forts de l’élan d’hier au grand vol omnivore
des marteaux qui vont dur :
des marteaux qui vont dur : et des hommes velus
ira d’air égrotant le grand Troupeau lendore.