Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée

Jusqu’à présent le sucre forme le seul article sérieux d’exportation. Sur les 3.093.500 kil. De sucre produit en 1867 1.711.273 kil. Restaient en magasin au 31 décembre, 252.000 kil avaient été vendus ou livrés en payement à des commerçants Arabes ou indiens établis à Mayotte, et avaient formé la plus grande partie du fret des boutres allant à Bombay et à Zanzibar. C’est un heureux commencement que le placement de ces sucres dans le pays, car l’objectif des colons doit être de payer les frais d’exploitation avec les produits et de s’affranchir autant que possible des ruineux envois de fonds qu’ils sont obligés de demander à la Réunion ou à la France. Aussi ne doit-on pas prohiber, mais seulement surveiller le paiement des engagés avec des étoffes ou autres marchandises fournies à Mayotte par des commerçants indigènes, car ce mode de payement permet aux colons de convertir en argent, sur les lieux mêmes, une partie de leurs sucres. Une des grandes difficultés contre lesquelles ont à lutter les colons, c’est, malgré les ressources que leur fournit le comptoir d’escompte, l’absence fréquente du numéraire qui est absorbé avec une rapidité incroyable par la population indigène. A peine mises en circulation, les pièces de 5 francs, en argent, disparaissent et on ne les revoit plus. A la Réunion, où le même fait se présentait, la disparition regrettable de la monnaie d’argent a été évitée par la mise en circulation de monnaies de billon autrichiennes auxquelles on donne une valeur fictive de 1 franc. C’est avec ces monnaies, communément appelées des Kervéguen, que se fait aujourd’hui tout le commerce local