Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

Né à Mayotte, il la préféra comme résidence à Anjouan et c’est dans cette île qu’il passa la plus grande partie de son long règne. La tradition lui attribue un règne de 70 ans qui me paraît fort exagéré et je croit que c’est à sa vie, et non à son règne, qu’il faut attribuer cette durée de 70 ans. Un des premiers soins d’Haïssa fut de transporter la capitale à Chingoni, ville située sur une éminence de la côte occidentale, à peu près au milieu de la longueur de l’île. Il y bâtit la mosquée qui subsiste encore aujourd’hui, quoiqu’en très mauvais état. Les murs très épais sont en chaux et corail, et la couverture en feuille de cocotiers. Deux rangées de lourds piliers partagent l’intérieur en trois petites nefs. De chaque côté de la niche du chœur on voit deux versets du Coran inscrits en lettres arabes sur des plaques de terre cuite, couvertes d’un vernis de couleur verte. Une autre inscription, également en pur arabe, indique que la mosquée à été bâtie l’an 944 de l’hégire (1566).

Ce monument est lourd et massif, avec des ouvertures en ogive écrasée. Devant la porte, à droite de l’escalier, on voit le tombeau d’Haïssa, petite construction rectangulaire en ciment avec socle, corniche et couverture, ornée, sur les côtés, d’applications de porcelaine à fleurs bleues, dont il reste quelques fragments. L’intérieur du mausolée, haut d’environ 1m,50 est vide et éclairé par des trèfles. A côté se trouvent plusieurs tombeaux de sultans et sultanes, entre autres celui de Magoina Aminah, fille d’Haïssa ; ces sépultures, élevées dans le même style, entouraient la mosquée ; elles sont complètement ruinée, ainsi d’ailleurs que la ville de Chingoni ;