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Cette dernière opinion, fortement établie, prouverait que les flottes des Tyriens et des Juifs passaient, tous les ans, à quelques lieues de la Grande Comore, pour se rendre au delta de Sofala ; elle est trop importante, au point de vue de la découverte possible, par les Juifs, du groupe des Comores, pour que je ne la discute pas brièvement. C’est surtout dans les livres saints et dans leurs différentes versions, grecques, arabe, chaldaïque et syriaque, qu’on peut trouver des éclaircissements pour cette question ; malheureusement ces versions, concordant dans l’ensemble, diffèrent notablement dans les détails ; et quelquefois, d’une façon si désespérante qu’en les lisant il serait facile, avec un peu de bonne volonté, de pointer, sur une carte, une douzaine d’Ophir et autant de Tharsis ; il est donc nécessaire de les comparer, de les contrôler les unes par les autres, et de faire un choix. En procédant ainsi, on peut admettre, tout d’abord, qu’Ophir et Tharsis étaient deux villes ou deux régions distinctes, ainsi que le fait ressortir leur opposition dans ce passage de Jérémie(13) : Uphaz de aurum, afferetur Tharsis de extensum argentum ; et suivant le Targum Jonathan ou la paraphrase chaldaïque : Argentum involutum ex Africâ afferent et aurum ex Ophir, ils apporteront l’argent travaillé de Tharsis ou de l’Afrique et l’or d’Ophir ou d’Uphaz. Cette distinction établie, voyons où était situé Ophir.

L’endroit appelé dans les livres saints Ophir, Sophira, Sopheira, Suphir, Urbs auri, Urphe, où les flottes d’Hiram et de Salomon allaient, chaque année(14), chercher de l’or, des bois rares et des pierres