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le départ de Djombé-Fatouma et des Zanzibariens, l’anarchie la plus complète régna à Mohéli ; le nouveau sultan, Mohamed, âgé de dix ans, était incapable de rétablir l’ordre ; la vie et les propriétés des résidents français n’étaient protégées par aucune autorité sérieuse. Dans ces circonstances, le commandant Mandine laissa auprès de M. Lambert un officier, M. Charvet, et quinze matelots du La Bourdonnais. C’est à leur vigilance et aux bonnes dispositions prises par MM. Mandine, Empis et Lambert, qu’on doit d’avoir préservé de l’incendie et du pillage les importants établissements que M. Lambert a su élever à Mohéli. Un pareil état de choses ne pouvait durer. En s’emparant, sans nous consulter, d’une île qui était censée être placée sous notre protection, et à laquelle, en tous cas, nous avions grand intérêt à conserver son indépendance, les Zanzibariens avaient été un peu trop sans gêne. En mai 1868, le Prégent passa à Mohéli où M. Lambert avait renoué des relations avec les grands chefs, peu satisfaits de leur nouvelle situation. Dans un kabar général tenu par tous les chefs mohéliens, arabes et malgaches, en présence de M. le commandant Massiou, de M. Lambert et du petit sultan Mohamed, les chefs proclamèrent solennellement Mohamed sultan indépendant, et, pour protester contre toute sujétion envers Zanzibar, ils changèrent le pavillon rouge aux couleurs de Zanzibar, contre un pavillon blanc et rouge. Celui de Zanzibar, donné par l’amiral, fut renvoyé à Saïd-Medjid qui le reçut avec une médiocre satisfaction. Amissi-ben-Abdallah fut nommé gouverneur de Mohéli pendant la minorité du roi.