Page:Gevrey - Essai sur les Comores, 1870.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’un grand lamba de soie rouge fixé sur sa tête, comme une voile, par un diadème d’or. La reine était masquée, mais elle consentit à retirer son masque en notre présence. Djombé-Fatouma était alors assez jolie ; elle a beaucoup changé depuis, et à son désavantage. Bien qu’elle parle et écrive passablement le français, elle préfère parler le

(1) Djombé est de la famille royale des Hovas, et a des droits éventuels au trône que nous avons laissé appeler trône de Madagascar. créole de la Réunion qui lui est plus familier. Ses deux enfants, Mohamed et Mahmoud, l’accompagnaient, vêtus à l’arabe, la tête rasée, et coiffés de calottes couvertes de broderies d’or ; ils sont jaunes comme leur mère avec laquelle Mohamed, l’aîné, a une grande ressemblance ; le cadet a les yeux plus bridés et rappelle davantage le type hova ; il avait la teigne. A peine ces enfants comprennent-ils quelques mots français. Djombé-Fatouma jouait à la souveraine et aimait beaucoup les honneurs ; quand ses dames de compagnie entraient dans le salon où elle se tenait, elles se prosternaient et se traînaient sur les genoux jusqu’à la reine, puis sortaient de la même manière. Chacun croyait Djombé dévouée à la France ; le commandant de Mayotte la considérait comme sa fille, et M. Lambert, qui l’avait comblée de cadeaux et avait triplé ses revenus, crut pouvoir se fier à sa parole et faire un voyage à la Réunion, en juillet 1867 ; mais il avait affaire à une Malgache et la trahison ne se fit pas attendre. Depuis plus d’un an, la reine, trompant et le commandant de Mayotte et M. Lambert, négociait la cession de Mohéli au sultan de Zanzibar. Djombé s’ennuyait dans son royaume et désirait vivre sur un plus grand théâtre. Elle céda son île au sultan Saïd-