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DE QUELQUES ANIMAUX SCULPTÉS.

portions des défenses, c’est du sanglier vulgaire ; et c’est de l’autre au contraire par plus de courbure et par plus de rondeur de ses dents. La défense supérieure diffère de l’inférieure chez le sanglier africain tellement par le volume que, pour cette seule considération, il faut abandonner l’idée d’attribuer le groin sculpté par Alcamène à celui du sanglier quadricorne d’Élien. Toutefois j’ai parlé tout-à-l’heure d’un rapport : leurs tiges sont de même arrondies, quand, pour ressembler à ce qui est dans l’antre espèce, il eût fallu les trouver comprimées et légèrement triangulaires : au surplus, les formes des défenses de l’échantillon se rencontrent mieux avec celles de notre sanglier dans une extrême vieillesse, parce que l’âge augmente les effets de l’usure, ce qui diminue les côtes ou saillies latérales, et qu’en prenant plus de longueur, les défenses se refoulent moins latéralement, mais se rangent un peu plus l’une au-devant de l’autre.

Après cet examen comparatif, nous restons persuadés que ce sont les formes du sanglier vulgaire qu’Alcamène a eu l’intention de reproduire dans son bas-relief ; d’où il faut alors conclure que, trois cent cinquante ans avant l’ère chrétienne, c’étoit notre sanglier européen, sus scrofa, qui se trouvoit en Grèce ; conclusion qui toutefois n’exclut pas que l’autre espèce, plus digne du courage d’Hercule, ne se trouvât point aussi dans le mêmes contrées dix siècles auparavant.

Si la destruction de cette espèce a pu en effet mériter au demi-dieu les hommages et la reconnoissance de la Grèce, cela reste et demeurera un problème dont il n’y a point à espérer la solution.


Je n’ajouterai rien de plus à ces remarques concernant les