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ESSAI POUR SERVIR À LA DÉTERMINATION

prise et ses vives impressions, à la vue des formes extraordinaires de cette curieuse espèce, Pallas lui fit, au commencement de son article, une application du proverbe romain : Africa ferat monstris. Aspect horrible, naturel furieux, caractère opiniâtre et indocile, animal né pour la fange, créé pour nuire, et n’étant pas même après sa mort une venaison passable ; que de motifs pour en faire proscrire la race ! Et par conséquent, si cet affreux animal désoloit la Grèce, au temps des campagnes d’Hercule, nul doute que ce n’ait été cet énorme sanglier que le demi-dieu aura poursuivi sur le mont Érymanthe, atteint et vaincu dans les forêts de Calydon.

Mais le sus œthiopicus existoit-il alors en Grèce ? Il y quelques années et avant les voyages de M. Ruppel dans le Kordofan et dans l’Abyssinie, on auroit pu alléguer des impossibilités, tenant à des distances géographiques. Ces raisons ne subsistent plus aujourd’hui ; le voyageur Ruppel a rencontré ce même sanglier au-delà des Cataractes sur les bords du Nil et dans l’Afrique centrale ; or, il est là avec le lion de petite taille. Pourquoi les mêmes événements n’auroient-ils pas pareillement décidé de leur sort ? Comme le lion de l’Attique, l’énorme sanglier de l’Éthiopie aura bien pu dans la péninsule grecque peu à peu céder le terrain aux sociétés humaines, c’est-à-dire succomber sous les efforts du nombre accru et de l’industrie des hommes.

Ainsi nous pouvons hésiter dans notre détermination de l’espèce d’Érymanthe entre le sanglier vulgaire et le sanglier aux quatre cornes d’Élien ; car c’est ainsi que cet ancien auteur nomme les énormes défenses du sanglier d’Afrique. Duquel de ces deux sangliers l’échantillon du temple grec s’approche-t-il le plus ? Par le volume, la moindre longueur, et en général par les pro-