Page:Getty Research Institute (IA essaipourservirl00geof).pdf/11

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
DE QUELQUES ANIMAUX SCULPTÉS.

croupe et sa queue artistement jetée, et, par-devant, sa tête ; le cou est gros, la corne est presque droite, latérale et fort courte : le masque manque, le marbre étant frustre en cet endroit par suite de brisure ; cependant l’emplacement de la face est suffisamment circonscrit pour qu’on puisse juger de ses proportions et y reconnoître sur-tout un front large et sans hauteur. D’après cet ensemble, et les formes de la queue légèrement floconneuse à l’extrémité, mais en se fondant spécialement sur les caractères plus précis de la tête, je crois reconnoître le taureau sauvage, qui fut autrefois si abondant en Europe, le Bos Urus, l’aurochs, dont il est si souvent question dans les Commentaires de César, qui n’existe plus présentement dans les forêts de la Germanie et que faction progressive de la civilisation dans les lieux où il est encore souffert, tels que les contrées désertes de la Pologne, de la Russie et de la Turquie, doit prochainement anéantir. Ce n’est qu’à cette espèce que l’on peut attribuer les passages ci-après de Pausanias. « Le taureau de Péonie est de toutes les bêtes féroces la plus difficile à prendre en vie[1] : c’est un animal qui a de grands poils sur le corps, particulièrement sous la gorge et sur l’estomac[2]. » Au temps de Pausanias, l’aurochs auroit donc été déjà refoulé vers l’entrée de la Macédoine, dans des gorges où la rivière de l’Axius prend sa source ; cependant un caractère dans le marbre d’Olympie fourniroit une autorité contraire à cette détermination, c’est le trop de longueur de la queue. Alcamène, composant d’après ses souvenirs, ne se sera point piqué

  1. Lib. X, cap. 13.
  2. Lib. IX, cap. 21.