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HISTOIRE.

et saint Budoc ? Cette hypothèse nous semble ressortir assez naturellement de l’étude attentive des légendes du Goëllo et des faits que nous allons rapporter.

Ce qui est certain , c’est que , vers la fin du xne siècle , le chef de ce pays , le comte Alain , y bâtit une abbaye qu’il plaça sous le vocable de saint Rion , et dans laquelle il appela des religieux de S -Victor de Paris [1]. L’acte qu’on peut considérer comme la charte de fondation de S’-Rion n’est pas daté ; de sorte que certains historiens, habitués à traiter cavalièrement nos origines, lui ont assigné la date d’une bulle d’Innocent III , confirmant les chartes , privilèges et possessions de cette abbaye, soit 1198. Nous allons prouver que cette date est parfaitement fausse , et déterminer, aussi approximativement que possible, l’époque réelle de cette fondation.

Le comte Alain, avons-nous dit, fonda, sous la règle de saint Augustin , avec l’assentiment de sa femme , de ses frères et de ses barons, une abbaye dans l’île Guirwinil. Il lui donna des terres et des privilèges sur plusieurs points du Goëllo et même de l’autre côté de la Manche.

D’après la charte originale , existant aux Archives des Côtes-du-Nord , les témoins de cette fondation étaient G., évêque de S-Brieuc ; G., évêque de Tréguier ; R., abbé de Bégard ; M. , abbé de S’-Aubin ; Jean , abbé de Coatmalouen ; L. , abbé de S’e-Croix de Guingamp. Nous avons établi que l’évêque de S’-Brieuc, Geoffroy, a vécu de 1163 à 1202 ; et Moyse, abbé de S’-Aubin, de 1162 à 1212.


    Aujourd’hui , l’Ile abandonnée ne présente plus que les restes d’un vieux fort et le chevet d’une belle église détruite, où les paroisses voisines ont continué de se rendre professionnellement, chaque année, jusqu’à la Révo lution : nos ancêtres aimaient la poésie grandiose des processions à travers les écueils d’une mer toujours dangereuse.

  1. L’abbaye de S’-Victor de Paris avait été fondée , en 1 1 13 , par Guillaume de Champeaux , l’adversaire d’Àbailard. La règle de saint Augustin , tirée de la 109* épltre du Saint , fut fixée par le concile d’Aix-la-Chapelle en 816, refondue aux conciles de Rome en 1059 et 1063 , et rendue obligatoire pour tous les Chanoines Réguliers par le concile de Latran de 1139.