Page:Geslin, Barthelemy - Anciens eveches de Bretagne, tome 4, 1864.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Kreis er mor bras zo eur gouent,
Zavet gweach ali gant er zent.

Mes er venec’h e zo ennou,
Ne studient kin ho levrou.

Ho zorfejo na p’ou c’hlevan,
E lak me c’halon de spontan.

Malles d’er venec’h zou er vro,
Vel er vel bleizi bars er c’houajo !


Malles warn’he ! malles en dud !
Malles en env ! el loeiner mud !


D’er venec’h zou en Enez-Glas,
Malles taer gwech, a malles c’hoas !


Mab er Roue e levere,
War dor hi bales en de se :

— Mar ge me zou mestr er vro-man,
"E lerer Breiz enean ; "

Me e diskou d’er venec’hi,
Lezen in peuc’h me jujedi.

D’er venec’h du, d’er vsnec’h gwen,
Lezen in peuc’h me gwirvijen.

Me e savou eun arme vras,
Vit distrujan en Enez-Glas,

Ak er venec’h e vou enni,
Ne vezo espernet c’hini.
 

Er manac’h bras e levere
War lein er skeul pe arrie :

— Mu e verc’het e meus gwalet,
Vit zou aman ouz me zellet.

Mu e sakrilej e meus gret,
Vit zou neuden bars me rochet.

A c’hoas e c’houllan, rok mervel,
Me koueou gwall war Breiz-Izel !


Au sein des mers est un couvent,
élevé jadis par les Saints.

Mais les moines qui l’habitent,
n’étudient plus leurs livres.

Le récit de leurs forfaits glace
mon cœur d’épouvante.

Malédiction sur les moines, qui
vivent dans le pays comme les loups
dans les bois !

Malédiction sur eux ! qu’ils soient
maudits des hommes ! maudits du
Ciel ! maudits des animaux !

Sur les moines de l’lle-Verte, malédiction trois fois, malédiction encore !


Le fils du Roi disait alors sur le
seuil de son palais :

— Si c’est moi qui suis le maitre en
ce pays, qu’on appelle la Bretagne,

J’apprendrai aux moines à laisser
en paix mes sujets.

Aux moines noirs, aux moines
blancs, à laisser en paix mes vassaux.

Je lèverai une grande armée, pour
détruire l’Ile-Verte,

Et des moines qui s’y trouveront,
pas un ne sera épargné.


L’abbé disait en arrivant au haut
de la potence :

— J’ai violé plus de filles, qu’il n’y
en a là à me regarder.

J’ai commis plus de sacrilèges,
qu’il n’y a de fils dans ma chemise.

Et ma prière, en mourant, est que
tous les fléaux tombent sur la Basse-Bretagne !