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HISTOIRE.

n’étudient plus , et qui vivent dans le pays comme les loups dans les bois. Le fils du roi ou du chef lève une armée et jure de les exterminer jusqu’au dernier. Le châ timent ne se fait pas attendre , et , du haut de la potence , l’abbé impie se vante de ses forfaits et appelle tous les fléaux sur la Basse-Bretagne.

Ce chant , d’une sombre énergie , d’un caractère presque sauvage, est-il le récit plus ou moins altéré de la subite disparition de la première abbaye du comte Alain ? S’-Bion , que le poète populaire a pu confondre avec une île très-voisine et beaucoup plus célèbre, a-t-elle été réellement témoin des crimes et du châtiment racontés dans le gwerz de ces contrées ? Cette fois encore , la mémoire du peuple vient-elle combler une lacune historique ?

Ce qui nous paraît certain, c’est que l’indignation du poète est trop vraie , et trop précis sont les noms et les faits qu’il invoque, pour qu’il n’y ait là qu’une simple fiction : or, aucune trace d’une autre catastrophe semblable ne se dé couvre dans l’histoire du Goëllo. Celle de la ballade est très-voisine de la fin de S’-Bion , puisqu’il s’agit encore de « l’archevêque » de Dol. Enfin, les aveux de Beauport nous


    envoya une colonie fonder le couvent de Morlaix en 1456. On aperçoit sur le sol les traces des cellules de ce pénitencier qui reçut plusieurs coupables fameux , tant ecclésiastiques que laïques ; tout près , un énorme rocher porte encore le nom de la Prison. Le port et la pêcherie , établis par les religieux de S’-François, n’ont pas tout-a-fait disparu, non plus que les vastes jardins , le belvédère et les traces du calvaire qui , du sommet d’un roc élevé, planait sur ces mers fécondes en naufrages. — Les bâtiments du xv’ siècle reposent sur une épaisse couche de briques et d’ardoises qui atteste l’importance des bâtiments des v* et vi* siècles. Ce sont les seules reliques qui subsistent de ce premier berceau de la civilisation dans ces contrées , placé au milieu d’inextricables écueils, sans doute pour le mettre à l’abri de la violence qui régnait alors en souveraine et sur terre et sur mer. Du lierre, quelques figuiers sauvages et une excellente moutarde qui se renouvelle d’elle-même , c’est tout ce qui reste de la verdure qui valut son nom à ce coin de terre jadis si riche en végétation , et où l’on ne vient plus chercher que quelques misérables pommes de terre. Nous ajouterons , pour les archéologues , que pas une des nombreuses tuiles que nous avons extraites des décombres ne portait de crochets ; quelques-unes étaient vernies en couleur verte , et beaucoup faites de vase grise, mais fort dures.