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de leur vertu, de leur chasteté, ou du moins de l’une d’elles ! J’examinais pendant ce temps-là le visage de notre bonne supérieure. Elle me regardait, rougissait, était interdite : ces témoignages involontaires ne me laissèrent pas douter que le godmiché ne fût à elle ; j’en fus encore plus convaincue par son ardeur à me le retirer des mains. — Ah ! ma chère enfant, dit-elle (la restitution que je venais de lui faire m’avait réconciliée avec elle), ah ! ma chère fille, se peut-il que dans une maison où il y a tant d’exemples d’édification, il se trouve des âmes assez abandonnées de Dieu pour faire usage d’une pareille infamie ? Ah ! mon Dieu ! j’en suis toute hors de moi. Mais, ma chère fille, ne dites jamais que vous avez trouvé cela : je serais forcée d’user de sévérité, de faire des recherches, et je veux prendre le parti de la douceur. Mais vous, ma chère enfant, pourquoi voulez-vous nous quitter ? Allez, retournez-vous en dans votre chambre, je raccommoderai tout : je dirai qu’on s’est trompé. Comptez sur mon affection, car je vous aime beaucoup. Soyez sûre qu’on ne vous verra pas de plus mauvais œil, malgré ce qui s’est passé. Je vois bien qu’effectivement nous avons eu tort de vous traiter comme cela : vous n’étiez pas coupable. Je parlerai sur le bon ton à Mlle Verland. Jésus, mon Dieu, continua-t-elle en regardant le godmiché, que le démon est malin. Je crois, le ciel me pardonne, que c’est un… Ah ! la vilaine chose !