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m’inspirait. Une douce chaleur, avant-coureur du plaisir que j’allai goûter se répandit par tout mon corps ; il tremblait de l’émotion où j’étais, et je poussais de longs soupirs.

Crainte de surprise, je commençai par fermer la porte ; et, sans quitter les yeux de dessus le godmiché, je me déshabillai avec toute l’ardeur d’une jeune mariée que l’on va mettre dans le lit nuptial. L’idée du secret qui devait ensevelir les plaisirs dont j’allais m’enivrer leur donnait une pointe de vivacité qui m’enchantait. Je me jetai sur mon lit, mon cher godmiché à la main ; mais, ma chère Suzon, quelle fut ma douleur quand je vis que je ne pouvais pas le faire entrer ! Je me désespérai, je fis des efforts capables de déchirer mon pauvre petit conin. Je rentr’ouvrais, et, appuyant le godmiché dessus, je me faisais un mal insupportable. Je ne me rebutais pas. Je crus que si je me frottais avec de la pommade, cela m’ouvrirait davantage. J’en mis ; j’étais en sang, et ce sang mêlé avec la pommade et ce que la fureur où j’étais faisait sortir de mon con avec un plaisir qui me transportait, aurait sans doute ouvert le passage, si l’instrument n’eût été d’une grosseur prodigieuse. Je voyais le plaisir près de moi, et je n’y pouvais atteindre. J’étais forcenée, je redoublais mes efforts, mais inutilement, le godmiché maudit rebondissait et ne me laissait que la douleur. Ah ! m’écriai-je, si Verland était ici, l’eût-il encore plus gros, je me sens assez de courage